Les oiseaux nous parlent … savoir et connaître !
- Gérard Baudou-Platon
- 21 août
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 6 jours

Une des bases de la fraternité entre les hommes passe par ces deux mots … j’allais écrire ces « maux » …
En effet l’un comme l’autre sont claviculaires s’il l’on veut pratiquer le respect, donner de l’attention, suggérer de l’amour et plus généralement créer les conditions d’échanges harmoniques entre les hommes ? … précisons : « entre le vivant » …
Dans le langage des oiseaux « Savoir » et « Connaître » se transforment en « Voir ça » et « Naître avec » …
Revenons quelques instants sur la création du langage. Nous le savons, les mots que nous utilisons sont le fruit d’une longue histoire que les linguistes découvrent (Langage des dieux, le « croissant fertile » et ses tablette sumériennes, les langues sémites et notamment celle de l’ancienne Égypte et la langue hébraïque, le sanskrit sans oublier le foisonnement des langues indo-européennes d’où nous sommes issus ...) En tous les cas, au « début était le verbe » comme l’explique certaines sources initiatiques voire religieuses. Le verbe était vibration … le vibration crée toute réalité, qu’elle soit physique, tangible, mesurable mais aussi, le sentiment, l’état d’être et même, dit-on, serait-il porteur d’un souvenir que notre (nos) conscience(s) ne perçoivent plus depuis l’arrivée de la civilisation dite « moderne » , celle où le « bit » devient roi et ou l’intelligence de référence pourrait devenir « artificielle ». Lacan nous propose une belle piste de compréhension de l’humain lorsqu’il écrit que l’homme est articulé en « Réel », en « Symbolique » et … en « Imaginaire ».
Ainsi le sujet de notre épisode devient complexe ! Et, du coup l’exercice de la fraternité aussi.
En effet comment être fraternel si l’on ne sait pas … si l’on ne connaît pas ?
Les liens qui relient les hommes sont subtils et ceux d’où surgit la compassion nécessitent d’être forgés de façon consciente et volontaire …
Alors examinons les mots « Savoir » et « Connaître » tel que nous le rapporte les historiens du verbe.
« Savoir »
Il viendrait d’une altération du latin classique « sapere » qui désignait le fait « d’avoir du goût » ou « d’exhaler une odeur ». Plus généralement « sentir par le sens du goût ». Ainsi, par transposition allégorique, « avoir une intelligence des choses, avoir du jugement, être sage ». Ce terme « savoir » aurait un équivalent germanique « afsebbian » qui désignerait des fonctions « d’apercevoir » ou de « remarquer ».
Le latin classique fait référence au terme « scire » dont le participe passé donne « Sciens » …
Aujourd’hui, la définition générale retenue est : « avoir connaissance de quelque chose », « avoir la possibilité de faire » (apprentissage), « avoir été informé », « être capable de » …
« à savoir » est une locution conjonctive de coordination inspirée du mot « sçavoir » utilisé en 1658
Comme le lecteur de ce billet pourra le constater … nous frisons la confusion entre « savoir » et « connaissance » !
Que dirons-nous, alors, du mot « connaissance » ?
Ce mot vient de « conoistre » (1050), issu du latin « cognoscere » formé du mot « noscere » (Gnose) préfixé par « cum » qui est une valeur « Inchoative ». Le terme « Inchoative », désigne une forme verbale qui indique que l’action (qui lui est attachée) est envisagée soit dans son commencement soir dans sa progression.
« Connaissance », un mot magnifique que l’on retrouve sous une forme Grecque sur le fronton du temple de Delphes « Gnôthi seauton » (nosce te ipsum) … la grande fortune philosophique du « Connais-toi Toi même ».
Sa version plus complète devait être « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers » et les dieux ? Platon présente cette assertion venant de Socrate. Ce dernier pratiquait une méthode d’interrogations et de dialogues propre à faire surgir une conscience personnelle et individuelle aux interlocuteurs.
Aujourd’hui nous désignerions cette méthode par « la maïeutique ».
Le français actuel, constatant une confusion fréquente entre savoir et connaissance lui substitue le terme « reconnaître » (reconnaître la valeur d’un savoir, d’une pratique, …)
Au 12ème siècle le terme « connaître » exprimait même l’idée « de designer une relation charnelle avec un être ». Acception encore utilisé aujourd’hui dans le monde du droit.
Après la lecture de ces quelques lignes il est encore bien difficile de distinguer les forces opératives et distinctives de chacun de ces « mots ».
Que nous dit Claude Duneton, féru de l’expression imagée ?
- « Savoir »
> 15ème siècle : Il est hors de page « estre assez sçavant, et n’avoir plus guère à peiner en un exercice ».
> Je sais de quel pied il cloche : « être conscient de sa façon de procéder ».
> Il sait chanter au lutrin : « il n‘est pas tout à fait ignorant ».
« Connaître »
> 1867 – Ne pas se moucher sur sa manche : « être expérient, malin ».
> Connaître le godan : « savoir de quoi il s’agit, pour ne pas se laisser prendre à un mensonge »
> Fin comme un merle
Les oiseaux nous parlent et nous l’avions dit dès notre introduction …
« Savoir » pourrait être vu comme « Voir ça » et « Connaître » comme « naître avec » …
Ainsi une des clefs de compréhension des nos deux termes serait celle-ci :
- « Voir ça » suggérerait l’acquisition des éléments d’évaluation des choses, des faits, des situations par l’analyse objective ou non, l’application de règles, le repérage d’équations ou de liens formant le réel, le symbolique voire même l’imaginaire … permettant de comprendre une situation dans sa plus grande complexité
- « Naître avec » suggérerait de se penser comme l’héritier d’un ensemble d’informations, de situations vécues, donnant sens pour la vie formée d’action, de réaction, d’entreprise, d’évolution, d’involution, de sources de futur, individuelles, voire collectives. Ceci pour se placer dans le temps qui coule et se diriger selon son projet personnel même inscrit dans un projet collectif.
Savoir et connaître touchent ainsi tous les champs d’existence. L’un accumule la « materia prima » de la réflexion, l’autre la transforme en expériences vécues et utiles pour élaborer un devenir. Là, barre est haute pour l’être conscient qui cherche à devenir maître de toutes situations !
l’ambition est immense mais nos oiseaux sont là pour nous parler !
Il convient de ne pas être trop long … alors disons simplement ceci :
- le Simorgh

Il nous vient de la mythologie Perse et Kurde. Il est un oiseau mythique qui aurait vécu trois destructions du monde !
Il incarne l’union du ciel et de la terre et niche dans l’arbre du savoir. Lorsqu’il s’envole il répend sur la terre les graines de celui-ci, ainsi distribut-il le savoir à l’humanité toute entière. De la même manière il guérissait toutes les souffrances. Il est alors un parfait symbole de fertilité et de transmission au sein de la diversité de la vie.
- Gamayun
Voici un oiseau prophétique associé à la culture Russe, il possède une tête de femme. Sa vie se situe entre le monde de la Vie et celui de la Mort. Belle source d’informations s’il en est. Ainsi, est-il le symbole de la sagesse, de la connaissance. Il est révélateur de la Vérité et accompagne les destins. Sa mission est d’être un révélateur de la condition humaine et le chantre de la conservation de la sagesse.

- le Phénix

Enfin l’oiseau de feu primordial, l’incarnation du Dieu « Râ » de l’ancienne Égypte mais aussi, le symbole du Benou, intégrateur de tous projets, de toutes sciences, de toutes forces créatives du monde manifesté. Il est d’une longévité extrême. Est-il détruit ? Il renaît de ses propres cendres. Il symbolise les cycles et notamment celui de la Mort et de la Renaissance … il suggère une constante résilience.
Ne donnons point de conclusion mais soyons assurés que ces trois oiseaux nous guident sur notre court chemin … à la recherche de vérité, de sens, de désirs de sagesse, de forces, de beauté et surtout de chaleur humaine face à une adversité construite sur l’ignorance érigée en système d’asservissement et sur la spoliation en tout genre.
Le savoir acquis, la connaissance ignée ou acquise, le besoin de l’autre seront les trois outils pour ré-enchanter le monde
Que le compas qui enveloppe le tout , s’unisse avec l’équerre pour accomplir toutes formes et que les deux syntonisent avec la règle qui participe à l’évolution harmonique du monde que nous habitons
Gérard Baudou Platon
PS : Le langage des oiseaux permet des transpositions dont les règles défient parfois la raison .... où se trouve le vrai, le faux ? et pourtant il y a quelquefois des liens de famille étranges ... la langue témoigne de ces glissements interstitiels car l'âme des êtres est volatil, comme les oiseaux qui traversent les mondes, les temps et les espaces ouvrant des liens de parentée surprenant dans leurs comportements, leur style de vie, voire même dans liens sociaux et affectifs ...
L'espace consacré aux "oiseaux nous parlent" doit faire parler Symbolisme, Réel et Imaginaire ... ces trois forces créatives créent la diversité des expressions ... Ces dernières constituent un substrat indispensable pour un futur actualisé ...
L'objectif, le raisonnable, fondés sur la rigueur scientifique ou expérimentale sont parfois des freins à la découverte de notre réelle personnalité ou de nos moteurs d'existence ....
Ils enferment l'homme dans des systémies sclérosantes où dogmes, protocoles, modèles opérationnels, contraignent et asservissent.
L'IA sera de ce point de vue un danger pour le développement libre de la psyché humaine ... les oiseaux nous parlent pour nous dire que d'autres voies de liberté existent
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