" - Viens-tu ? Prends une tenue de sport et de l’eau. Ah ? Où va t-on ?
C’est un défi, cher voisin. "
Nous prenons la voiture, direction Saint-Lô.
Nous roulons par monts et par vaux sur la route qui nous est familière. Et nous arrivons à la ville, puis à une salle de sport. Mais ce n’est pas un gymnase. La hauteur sous plafond est trop faible. Quelques personnes sont là, pantalon blanc, t-shirt blanc. Leur tenue est originale : une corde épaisse fait office de ceinture. Et ils sont nu-pieds !
" Bonjour. Vous venez pour essayer la capoeira ? " nous demande l’instructeur.
Et c’est donc sans le vouloir qu'à 43 ans je découvrais ce sport original venu du Brésil : la capoeira.
La sonorité du mot fait penser à une danse. En effet, la capoeira est une très ancienne discipline, et c’est sous forme de danse qu'elle a traversé les siècles, avant de renaître comme sport dans les années 1960.
La capoeira vient de l'Angola. C’est un ensemble de mouvements d’attaque, de défense et de déplacements, inspirés par les mouvements des animaux sauvages. À partir du 16e siècle, faits esclaves et amenés au Brésil, malgrés les souffrances et le déracinement, les Angolais n'oublièrent pas ces gestes et ces pas. Mais leurs nouveaux maîtres n'acceptaient pas de les voir s’entraîner au combat, évidemment. Les Angolais transformèrent alors leur discipline en une sorte de danse gracieuse, faite de nombreux mouvements lents et proches du sol, alternant avec de rapides mouvements aériens et rotatifs en posture debout. L’arc pour chasser fut transformé en berimbau ; sa corde battue et adjointe d’une calebasse produit trois notes vives. Les tonneaux furent transformés en atabaque, sorte de haut tambour produisant des basses rondes et douces.
Chantant et battant des mains, au rythme du berimbau et de l’atabaque, les esclaves vêtus de blanc - la couleur des serviteurs - formaient une ronde. Au centre de celle-ci, à l’appel du maître de capoeira tenant le berimbau, deux personnes se plaçaient au centre du cercle et commençaient une étrange chorégraphie de gestes en miroir. Les coups de pied pour frapper avec violence devenaient de graciles mouvements, presque comme des ailes. Les esquives devenaient d’inattendus hommages à la terre, emprunts d’une grande humilité. Les déplacements pour foncer ou se retirer devenaient de surprenantes acrobaties. Et il n’y avait là plus rien de dangereux que les maîtres auraient pu interdire.
L’esclave pris fin. La capoeira perdura alors sous la forme de combats de rue pour mauvais garçons. Elle n’avait pas bonne réputation. Dans les années 1960, les maîtres de capoeira Mestre Bimba et Mestre Pastinha appelèrent à une reconnaissance officielle de la capoeira, en tant qu'héritage vivant. Et la capoeira devint le sport national.
Selon les lieux et les traditions, la capoeira est un sport à plusieurs grades, allant du débutant jusqu'au maître. De nos jours, il faut au moins vingt années de pratique pour être reconnu maître.
Comment se déroule une séance de capoeira ?
Tout d’abord il faut se vêtir de blanc, souvenir des esclaves et couleur symbole de l’ordre et de la bonne réputation. Il faut faire tenir son pantalon à l’aide d’une corde, dont la couleur dépend du grade. Nous pratiquons ensuite les divers instruments et faisons différents chants. Puis nous faisons un échauffement, et nous apprenons des mouvements et des séquences de mouvements. Enfin, nous effectuons la roda.
La roda est le moment-clé de la capoeira : le moment de l’affrontement entre deux adversaires, au centre d’une ronde dont les participants chantent et font résonner le berimbau et l’atabaque.
La roda démarre sur un rythme lent ; les mouvements doivent être proches du sol et lents également. Ensuite le rythme s’accélère, les opposants se relèvent, et enfin le rythme atteint son paroxysme, les opposants bougent, tournoient, frappent, esquivent, aussi vite que possible, alors que les chants et les instruments deviennent frénétiques. L'énergie vitale, oui on peut dire cela, se concentre alors dans la roda, transportant tout le monde dans un autre espace-temps ; une transe joyeuse et partagée, où chaque participant donne ce qu'il a de plus beau en lui, en respectant et en honorant son adversaire et les chanteurs.
La capoeira est un sport qui s’apprend et qui se pratique à plusieurs. Les plus gradés enseignent au moins gradés, se sentant responsables de leurs progrès. Montant en grade, à son tour on accompagnera un débutant. Observer, apprendre, savoir faire, savoir montrer et expliquer. D'où la popularité de ce sport au Brésil, qui donne à chacun sa chance et qui enseigne à chacun la discipline par rapport à soi-même (la persévérance dans l’entraînement) et par rapport aux autres (dans la roda lors du combat, mais tout autant dans la transmission des savoirs durant les entraînements).
A ce jour j’ai complété ma 2e année de capoeira et l’année prochaine je monterai en grade. Je suis donc encore très loin de la maîtrise. Toutefois, j’ai pris connaissance du mythe fondateur de la capoeira au Brésil : le mythe de Besouro. Je l’ai trouvé sur Youtube ! Besouro était un esclave qui se rebella. Mais sans force, seul, il ne pouvait rien faire. Pourchassé, il se réfugia dans les immenses forêts et apprit à survivre. Plus que cela, pour survivre il rencontra Oshun et Ogun, les esprits de l’eau et du fer. Et leur union qui se réalisait dans les mouvements de la capoeira, lui transférant une incroyable vitesse et une incroyable force. Ainsi Besouro parvint à défier le maître esclavagiste. Toutefois, le combat fut tragique. Besouro mourut, le maître survécut. Mais le départ du chemin avait été posé, et la chaîne d’or – cordon di auro – est la chaîne de transmission qui relie les maîtres d’aujourd’hui jusqu'à Besouro, via Mestre Pastinha et Mestre Bimba.
Je ne puis pas garantir la parfait exactitude de ce que j’écris, car je suis encore un débutant. Et à chaque passage de grade on acquiert une meilleure compréhension de la capoeira et de son essence.
Bref, ce défi lancé par ma voisine de participer à une mystérieuse séance de sport fut pour moi le point de départ d’un nouveau chemin, difficile physiquement, mais épanouissant ! Derrière les mouvements aujourd’hui bien codifiés de la capoeira, qui arborent la neutralité de tout sport de combat (critères de rapidité, agilité, précision, force, souplesse, etc) je suppose qu’il y a les esprits d’Oshun et d’Ogun. Quelque part… Parviendrai-je à les voir ? La symbolique de l’eau et la symbolique du fer.
Me voilà enthousiasmé par la capoeira.
Toutefois, par certains aspects la capoeira telle que pratiquée ici en France me laisse perplexe. Très populaire au Brésil, elle est ici un sport élitiste. Nous sommes très peu nombreux à la pratiquer. Les haut-gradés parlent de famille. Faute de participants, une séance sur trois a été supprimée cette année. Très rares sont les personnes qui simplement viennent essayer notre sport. Il y a peut-être une forme d’enfermement. Les mouvements sont compliqués et longs à maîtriser. Les chants sont en brésilien, pas simples à apprendre donc. Notre maître refuse – et cela peut se comprendre – toute publicité par internet. Il existe aussi une scission dans la capoeira, les haut-gradés assistant à des cours du maître qui leur sont réservés. J’ai perçu, parfois, des querelles de "gradisme", à savoir des gens qui pratiquent afin de monter en grade. Le grade confère du prestige, comme partout ailleurs…
Mais je me trompe peut-être : l’explication la plus simple est sûrement la différence culturelle. La capoeira vient du Brésil, une culture différente de la nôtre. Pensons aux mouvements qui en essence renvoient aux mouvements animaux de l'Angola : cela est tout à fait absent de la tradition martiale de l’Occident. Tout comme à leur introduction en Europe les arts martiaux japonais étaient réservés à une élite, volontaire pour surmonter la différence interculturelle. L’avenir est ouvert : par son raffinement et son potentiel d’apprentissage, par son histoire, la capoeira pourrait bientôt séduire les jeunes générations, qui seraient lassées du simplisme des réseaux sociaux et de la vie sur smartphone, et auraient à coeur de revenir aux racines. Au fondamental. La chaîne d'or de la capoeira sera là pour eux.
B. Sorel
Descubriendo la capoeira, entre el agua y el hierro
“- ¿Vienes? Lleva ropa deportiva y agua. ¿Ah? ¿A dónde vamos?
Es un desafío, querido vecino.”
Tomamos el coche, dirección Saint-Lô. Conducimos por colinas y valles por la ruta que ya nos es familiar. Y llegamos a la ciudad, luego a un gimnasio. Pero no es un gimnasio convencional. El techo es demasiado bajo. Algunas personas están allí, con pantalones blancos y camisetas blancas. Su atuendo es peculiar: una cuerda gruesa sirve como cinturón. ¡Y están descalzos!
“Hola. ¿Vienen a probar la capoeira?” nos pregunta el instructor.
Y así, sin quererlo, a los 43 años descubrí este deporte original que vino de Brasil: la capoeira.
El sonido de la palabra evoca una danza. De hecho, la capoeira es una disciplina muy antigua, y fue en forma de danza como atravesó los siglos, antes de renacer como deporte en los años 60.
La capoeira proviene de Angola. Es un conjunto de movimientos de ataque, defensa y desplazamiento, inspirados en los movimientos de los animales salvajes. A partir del siglo XVI, convertidos en esclavos y llevados a Brasil, a pesar de los sufrimientos y el desarraigo, los angoleños no olvidaron estos gestos y pasos. Pero sus nuevos amos no aceptaban que los vieran entrenando para el combate, obviamente. Entonces, los angoleños transformaron su disciplina en una especie de danza grácil, compuesta de numerosos movimientos lentos y cercanos al suelo, alternados con rápidos movimientos aéreos y rotativos en postura erguida. El arco para cazar fue transformado en el berimbau; su cuerda batida, unida a una calabaza, produce tres notas agudas. Los barriles fueron convertidos en atabaques, una especie de tambor alto que produce graves redondeados y suaves.
Cantando y batiendo palmas al ritmo del berimbau y del atabaque, los esclavos vestidos de blanco - el color de los sirvientes - formaban un círculo. En el centro de este, al llamado del maestro de capoeira que sostenía el berimbau, dos personas se colocaban en el centro del círculo y comenzaban una extraña coreografía de gestos en espejo. Las patadas, destinadas a golpear con violencia, se convertían en movimientos gráciles, casi como alas. Las esquivas se transformaban en inesperados homenajes a la tierra, impregnados de gran humildad. Los desplazamientos para avanzar o retirarse se volvían sorprendentes acrobacias. Y ya no había nada peligroso que los amos pudieran prohibir.
La esclavitud terminó. La capoeira perduró entonces bajo la forma de combates callejeros entre delincuentes. No tenía buena reputación. En los años 60, los maestros de capoeira Mestre Bimba y Mestre Pastinha llamaron al reconocimiento oficial de la capoeira como un patrimonio vivo. Y la capoeira se convirtió en el deporte nacional.
Dependiendo del lugar y las tradiciones, la capoeira es un deporte con varios grados, que van desde principiante hasta maestro. Hoy en día, se requieren al menos veinte años de práctica para ser reconocido como maestro.
¿Cómo se desarrolla una sesión de capoeira? Primero, hay que vestirse de blanco, en memoria de los esclavos y como color símbolo del orden y la buena reputación. Hay que ajustar los pantalones con una cuerda, cuyo color depende del grado. Luego, practicamos los diversos instrumentos y realizamos diferentes cantos. Después, hacemos un calentamiento, y aprendemos movimientos y secuencias de movimientos. Finalmente, realizamos la roda.
La roda es el momento clave de la capoeira: el momento del enfrentamiento entre dos adversarios, en el centro de un círculo cuyos participantes cantan y hacen resonar el berimbau y el atabaque.
La roda comienza con un ritmo lento; los movimientos deben ser cercanos al suelo y también lentos. Luego, el ritmo se acelera, los oponentes se levantan, y finalmente el ritmo alcanza su clímax, los oponentes se mueven, giran, golpean, esquivan, tan rápido como pueden, mientras los cantos y los instrumentos se vuelven frenéticos. La energía vital, sí se puede decir así, se concentra entonces en la roda, transportando a todos a otro espacio-tiempo; un trance alegre y compartido, donde cada participante da lo mejor de sí mismo, respetando y honrando a su adversario y a los cantantes.
La capoeira es un deporte que se aprende y se practica en grupo. Los de mayor grado enseñan a los de menor grado, sintiéndose responsables de su progreso. Al subir de grado, a su vez, acompañarán a un principiante. Observar, aprender, saber hacer, saber mostrar y explicar. De ahí la popularidad de este deporte en Brasil, que da a cada uno su oportunidad y que enseña a cada uno la disciplina hacia sí mismo (la perseverancia en el entrenamiento) y hacia los demás (en la roda durante el combate, pero también en la transmisión de conocimientos durante los entrenamientos).
Hasta la fecha, he completado mi segundo año de capoeira y el próximo año subiré de grado. Así que todavía estoy muy lejos de la maestría. Sin embargo, he conocido el mito fundador de la capoeira en Brasil: el mito de Besouro. ¡Lo encontré en YouTube! Besouro era un esclavo que se rebeló. Pero sin fuerza, solo, no podía hacer nada. Perseguido, se refugió en los inmensos bosques y aprendió a sobrevivir. Más que eso, para sobrevivir, se encontró con Oshun y Ogun, los espíritus del agua y del hierro. Y su unión, que se realizaba en los movimientos de la capoeira, le transfirió una increíble velocidad y una increíble fuerza. Así, Besouro logró desafiar al amo esclavista. Sin embargo, la lucha fue trágica. Besouro murió, el amo sobrevivió. Pero se había trazado el camino, y la cadena de oro – cordon di auro – es la cadena de transmisión que conecta a los maestros de hoy con Besouro, a través de Mestre Pastinha y Mestre Bimba.
No puedo garantizar la exactitud perfecta de lo que escribo, porque todavía soy un principiante. Y en cada ascenso de grado se adquiere una mejor comprensión de la capoeira y su esencia.
En resumen, este desafío lanzado por mi vecina de participar en una misteriosa sesión de deporte fue para mí el punto de partida de un nuevo camino, físicamente difícil, ¡pero gratificante! Detrás de los movimientos hoy en día bien codificados de la capoeira, que exhiben la neutralidad de cualquier deporte de combate (criterios de rapidez, agilidad, precisión, fuerza, flexibilidad, etc.) supongo que están los espíritus de Oshun y Ogun. En algún lugar… ¿Lograré verlos? La simbología del agua y la simbología del hierro.
Estoy entusiasmado con la capoeira. Sin embargo, en algunos aspectos, la capoeira tal como se practica aquí en Francia me deja perplejo. Muy popular en Brasil, aquí es un deporte elitista. Somos muy pocos los que lo practicamos. Los de alto grado hablan de familia. Por falta de participantes, una de cada tres sesiones fue cancelada este año. Muy pocas personas se animan siquiera a probar nuestro deporte. Quizás haya una forma de aislamiento. Los movimientos son complicados y llevan tiempo dominarlos. Los cantos están en portugués, por lo que no son fáciles de aprender. Nuestro maestro rechaza – y esto es comprensible – cualquier publicidad en internet. También existe una división en la capoeira, los de alto grado asisten a clases del maestro que están reservadas para ellos. A veces he percibido querellas de “gradismo”, es decir, personas que practican solo para ascender de grado.
El grado otorga prestigio, como en cualquier otro lugar… Pero tal vez me equivoque: la explicación más simple es probablemente la diferencia cultural. La capoeira proviene de Brasil, una cultura diferente a la nuestra. Pensemos en los movimientos que en esencia remiten a los movimientos animales de Angola: eso está completamente ausente en la tradición marcial de Occidente. Al igual que cuando se introdujeron en Europa las artes marciales japonesas, que al principio estaban reservadas a una élite dispuesta a superar la diferencia intercultural. El futuro está abierto: por su refinamiento y su potencial de aprendizaje, por su historia, la capoeira podría pronto atraer a las nuevas generaciones, que podrían estar cansadas del simplismo de las redes sociales y de la vida en el smartphone, y que podrían desear volver a las raíces. A lo fundamental. La cadena de oro de la capoeira estará ahí para ellos.
B. Sorel
Discovering Capoeira: Between Water and Iron
“Are you coming? Bring some sportswear and water. What? Where are we going?
It’s a challenge, dear neighbor.”
We get in the car, heading towards Saint-Lô. We drive over hills and valleys along a familiar route. We arrive in the city, then at a gym. But it’s not a regular gymnasium. The ceiling is too low. A few people are there, wearing white pants and white T-shirts. Their attire is unique: a thick cord serves as a belt. And they are barefoot!
“Hello. Are you here to try capoeira?” the instructor asks us.
And so, unintentionally, at the age of 43, I discovered this unique sport from Brazil: capoeira.
The sound of the word suggests a dance. Indeed, capoeira is an ancient discipline, and it was in the form of dance that it survived through the centuries before being revived as a sport in the 1960s.
Capoeira comes from Angola. It is a combination of attack, defense, and movement techniques inspired by the movements of wild animals. From the 16th century, when the Angolans were enslaved and brought to Brazil, despite the suffering and uprooting, they did not forget these gestures and steps. However, their new masters obviously did not allow them to train for combat. The Angolans then transformed their discipline into a kind of graceful dance, composed of numerous slow, ground-level movements, alternating with rapid aerial and rotational movements in an upright posture. The hunting bow was transformed into the berimbau; its string, beaten and attached to a gourd, produced three sharp notes. Barrels were turned into atabaques, a type of tall drum that produces rounded, soft bass notes.
Singing and clapping their hands to the rhythm of the berimbau and atabaque, the slaves dressed in white—the color of servants—formed a circle. In the center, at the call of the capoeira master holding the berimbau, two people stepped into the middle of the circle and began a strange choreography of mirrored gestures. The kicks intended for violent strikes became graceful movements, almost like wings. The evasions turned into unexpected bows to the earth, full of humility. The movements to advance or retreat became surprising acrobatics. And there was nothing dangerous left that the masters could forbid.
Slavery ended. Capoeira then survived in the form of street fights among delinquents. It had a bad reputation. In the 1960s, the capoeira masters Mestre Bimba and Mestre Pastinha called for the official recognition of capoeira as a living heritage. And capoeira became the national sport.
Depending on the place and tradition, capoeira is a sport with several ranks, from beginner to master. Today, it takes at least twenty years of practice to be recognized as a master.
How does a capoeira session unfold? First, you must dress in white, a remembrance of the slaves and a symbolic color of order and good reputation. You tie your pants with a cord, the color of which depends on your rank. We then practice the various instruments and sing different songs. After that, we warm up and learn movements and sequences of movements. Finally, we perform the roda.
The roda is the key moment in capoeira: the time when two opponents face each other in the center of a circle, with participants singing and resonating the berimbau and atabaque.
The roda starts with a slow rhythm; the movements should also be slow and close to the ground. Then the rhythm accelerates, the opponents rise, and finally, the rhythm reaches its peak, the opponents move, spin, kick, and dodge as fast as they can, while the songs and instruments become frantic. The vital energy, yes, you could call it that, concentrates in the roda, transporting everyone to another space-time; a joyful, shared trance where each participant gives the best of themselves, respecting and honoring their opponent and the singers.
Capoeira is a sport that is learned and practiced in a group. Those of higher rank teach those of lower rank, feeling responsible for their progress. As you advance in rank, you, in turn, will guide a beginner. Observe, learn, know how to do, know how to show and explain. Hence the popularity of this sport in Brazil, which gives everyone a chance and teaches discipline towards oneself (perseverance in training) and towards others (in the roda during combat, but also in the transmission of knowledge during training).
So far, I have completed my second year of capoeira, and next year I will advance in rank. I am still very far from mastery. However, I have learned about the founding myth of capoeira in Brazil: the myth of Besouro. I found it on YouTube! Besouro was a slave who rebelled. But without strength, alone, he could do nothing. Pursued, he took refuge in the vast forests and learned to survive. More than that, to survive, he encountered Oshun and Ogun, the spirits of water and iron. And their union, realized through the movements of capoeira, transferred incredible speed and strength to him. Thus, Besouro managed to challenge the slave master. However, the fight was tragic. Besouro died, the master survived. But the path had been laid, and the golden chain—cordon di auro—is the chain of transmission that connects today’s masters to Besouro, through Mestre Pastinha and Mestre Bimba.
I cannot guarantee the perfect accuracy of what I write, as I am still a beginner. And with each advancement in rank, one gains a better understanding of capoeira and its essence.
In short, the challenge posed by my neighbor to participate in a mysterious sports session was, for me, the starting point of a new path, physically demanding but rewarding! Behind the now well-codified movements of capoeira, which display the neutrality of any combat sport (criteria of speed, agility, precision, strength, flexibility, etc.), I suppose there are the spirits of Oshun and Ogun. Somewhere… Will I be able to see them? The symbolism of water and the symbolism of iron.
I am enthusiastic about capoeira. However, in some aspects, the capoeira practiced here in France leaves me puzzled. Very popular in Brazil, here it is an elitist sport. Very few of us practice it. The higher-ranked talk about family. Due to a lack of participants, one out of three sessions was canceled this year. Very few people even come to try our sport. There might be a form of isolation. The movements are complicated and take a long time to master. The songs are in Brazilian Portuguese, so they are not easy to learn. Our master refuses—understandably—any internet advertising. There is also a division in capoeira, with higher-ranked individuals attending classes with the master that are reserved for them. Sometimes, I have perceived quarrels of “rankism,” meaning people who practice just to advance in rank. Rank confers prestige, as it does everywhere…
But perhaps I am wrong: the simplest explanation is likely the cultural difference. Capoeira comes from Brazil, a culture different from our own. Consider the movements that inherently reference the animal movements of Angola: this is entirely absent from Western martial traditions. Just as when Japanese martial arts were first introduced to Europe, they were initially reserved for an elite willing to overcome intercultural differences. The future is open: with its refinement and learning potential, with its history, capoeira could soon appeal to younger generations, who might be tired of the simplicity of social networks and life on smartphones, and who might want to return to the roots. To the fundamentals. The golden chain of capoeira will be there for them.
B. Sorel
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