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Notes de lecture de Yonnel Ghernaouti

  • Ghernaouti Yonnel
  • 25 mai
  • 13 min de lecture




Simone Weil – L'amour absolu

Philippe Guitton

Éditions Ancrages, coll. Rencontres philosophiques, 2025, 104 pages, 11,90 €



Simone Weil (1909-1943), philosophe, mystique et militante, incarne l'exigence de cohérence entre pensée et vie. C'est cette essence qu'explore Philippe Guitton dans Simone Weil – L’amour absolu, un ouvrage dense et lumineux publié en 2025 dans la collection « Rencontres philosophiques » des éditions Ancrages. Guitton, philosophe praticien et fervent admirateur de l’œuvre weilienne, poursuit ici une quête amorcée avec Simone Weil – L’exigence philosophique (2021), où il décryptait la singularité de cette philosophe au regard brûlant sur l’humain et le divin.


Dans L’amour absolu, l’auteur offre une réflexion qui va au-delà de l’analyse académique pour se faire dialogue intime avec la pensée weilienne. Le livre s’ouvre sur une anecdote touchante : une femme de ménage londonienne, en août 1943, dépose un modeste bouquet de fleurs tricolores sur le cercueil de Simone Weil. Ce geste symbolise toute la profondeur et la simplicité qui traversent la vie et l’œuvre de cette philosophe, qui demeure un phare pour ceux que la quête de justice et de vérité habite. En convoquant cette scène, Guitton rappelle que Weil n’était pas seulement une intellectuelle, mais aussi une militante et une âme proche des humbles. Elle a cherché à comprendre la vie des travailleurs et à incarner, par son existence même, cet amour absolu qu’elle pensait et vivait.


Au fil des pages, Guitton s’attache à dévoiler les facettes de cet amour radical, véritable fil rouge de l’œuvre de Weil. Cet amour absolu, qu’elle place au centre de ses réflexions, n’est pas un amour sentimental ni même une passion humaine, mais une quête spirituelle transcendantale. Weil le décrit comme un mouvement de dépossession de soi, une attention pure tournée vers l’autre, qu’il s’agisse de l’humain ou du divin. Pour elle, aimer, c’est avant tout se vider de son ego pour faire place à l’universel. Guitton souligne combien cette vision de l’amour, exigeante et radicale, est une réponse à la souffrance humaine. Face à un monde marqué par la violence et l’injustice, Weil propose non pas une révolte, mais une acceptation lucide et active, qui ouvre la voie à une rédemption collective.


Guitton explore également la tension féconde entre l’enracinement et le déracinement dans la pensée de Weil. Si l’enracinement est pour elle une condition nécessaire à l’épanouissement humain, le déracinement, lorsqu’il est subi, devient une source de souffrance. Mais c’est précisément dans cette douleur que se manifeste l’amour absolu : dans la capacité à accueillir l’épreuve comme un moyen d’accéder à une vérité supérieure. Cette dialectique, que Guitton éclaire avec finesse, témoigne de la profondeur métaphysique de la pensée weilienne, qui conjugue le temporel et l’éternel dans une unité indissoluble.


La plume de Guitton, précise et incarnée, rend hommage à cette unité de pensée et de vie si chère à Weil. Il nous rappelle que la philosophe ne s’est pas contentée de penser l’amour absolu : elle l’a vécu, jusqu’à en faire l’ultime horizon de sa propre existence. De ses engagements politiques à son choix d’une vie d’ascèse et de pauvreté volontaire, Weil a constamment cherché à traduire ses idées en actes. Elle dérange, non parce qu’elle s’oppose, mais parce qu’elle incarne une exigence de vérité qui dépasse les compromis habituels de la condition humaine.


Ce livre se veut également un appel à une pratique philosophique quotidienne. Guitton, fidèle à son rôle de philosophe praticien, invite le lecteur à ne pas seulement lire Weil, mais à méditer ses idées et à les intégrer à sa propre vie. Dans cet esprit, Simone Weil – L’amour absolu est une boussole pour l’âme, un guide pour tous ceux qui cherchent à vivre en harmonie avec leurs convictions les plus profondes.


Dans une perspective maçonnique, l’œuvre de Simone Weil et l’analyse qu’en propose Philippe Guitton trouvent une résonance particulière. La quête de vérité et de justice qui traverse le parcours de Simone Weil est au cœur des idéaux maçonniques. Son exigence d’unité entre pensée et vie résonne comme un rappel des devoirs de chaque initié : construire le temple intérieur, pierre après pierre, en s’appuyant sur les principes de liberté, égalité et fraternité. L’amour absolu, tel que défini par Weil, peut être vu comme une expression ultime de la fraternité universelle, ce lien sacré qui transcende les différences pour unir les êtres dans une quête commune de sens et de lumière.


Ainsi, Simone Weil – L’amour absolu n’est pas seulement une exploration philosophique, mais une invitation à la transformation personnelle. Il est une incitation à embrasser l’amour comme une force transformatrice, capable de réconcilier l’humain et le divin, le matériel et le spirituel, dans une unité lumineuse. Philippe Guitton, par son érudition et son engagement, nous offre une clé précieuse pour entrer dans cet univers, où la pensée se fait vie et où l’amour devient absolu.






L’Épopée de la Franc-Maçonnerie – Tome XII – Les Sœurs de la Fraternité Didier Convard (dir.), Pierre Boisserie (scénario), Annabel (dessin)

Glénat BD, 2025, 56 pages, 14,95 € – Format Kindle : 8,99 €

 

« Là où les Frères ont bâti des temples, les Sœurs ont soufflé l’âme. »

Maxime apocryphe retrouvée entre deux colonnes…


Jérusalem. Métropole sacrée, croisement des langues et des fois, ville-monde où s’entrelacent les mystères du ciel et les cicatrices de la terre. Elle s’impose ici comme la clef de voûte symbolique de ce dernier volume de L'Épopée de la Franc-Maçonnerie. Qu'elle ouvre le livre comme une aurore et le referme comme un couchant n’est pas anodin : Jérusalem n’est pas une destination, mais une origine, un point d’élévation et de retour, le cœur spirituel d’un monde intérieur qu’il faut sans cesse réunifier. Lieu des commencements et des accomplissements, cité à la fois réelle et idéale, elle incarne le foyer irradiant de l’imaginaire maçonnique, où l’homme – et ici la femme – s’efforce de reconstruire le Temple perdu en lui-même.


À travers l’œil de Sophie, le lecteur entrevoit la Ville Sainte depuis le jardin des Oliviers, ce lieu suspendu entre ciel et terre, d’où le regard se perd dans la mémoire du Temple. « Rien, tout va bien. J’ai cru voir une lumière... une lumière qui me montrait le chemin », murmure-t-elle. Par ces mots, elle ne décrit pas une scène, mais une transmutation intérieure. Jérusalem devient alors espace de révélation, miroir d’un éveil silencieux. Là-bas, dans la blancheur minérale et le chant assourdi des pierres, c’est une initiation dans l’axe du monde qui se dessine.


En vérité, je vous le dis, il est des œuvres que l’on effleure à la lumière d’une simple lampe, et d’autres que l’on doit recevoir dans le silence d’un Temple intérieur. Les Sœurs de la Fraternité, douzième et ultime volet, relève de cette dernière catégorie. Sous la direction de Didier Convard, avec la plume scénaristique de Pierre Boisserie et les pinceaux lumineux d’Annabel, cette fresque graphique ne se contente pas de restituer la mémoire occultée des femmes en Franc-Maçonnerie : elle l’élève, elle la transfigure. Elle la rend à la fois chair et symbole, souffle et pierre, offrande et révélation.


À travers l’itinéraire initiatique de Sophie, Sœur contemporaine tiraillée entre le tumulte profane d’un foyer familial et l’appel du « club de lecture » – euphémisme pudique pour désigner sa Loge –, le récit tisse un fil d’Ariane entre les voix du passé et l’élan des générations présentes. Ce choix narratif d’un double plan – intime et historique, personnel et universel – permet d’incarner une réalité longtemps tue : les femmes ont été, sont, et seront des colonnes vivantes du Temple, souvent invisibles aux yeux des profanes, mais ô combien vibrantes pour les cœurs éveillés.


L’album prend la forme d’un palimpseste où se superposent récits, figures et échos. À l’avant-scène, l’histoire d’une femme d’aujourd’hui, entre deux plats de lasagnes et une conférence maçonnique. En arrière-plan, la riche galerie des pionnières : Elizabeth Saint Leger, figure anglo-irlandaise initiée en des circonstances légendaires ; les Dames de la Maçonnerie d’Adoption, princesses ou citoyennes, qui surent conjuguer grâce et gravité, salon et symbole ou encore Maria Deraismes, infatigable combattante de la laïcité et du droit des femmes… Le trait d’Annabel, d’une précision poétique, restitue leur présence avec un tact rare, entre élégance graphique et souffle initiatique.

Le Temple maçonnique de Périgueux, enserré entre la rue Saint-Front et celle des Francs-Maçons, où se réunit la Loge de Sophie, n’est pas un simple décor. Il est le réceptacle vivant de la mémoire initiatique, un théâtre transfiguré en sanctuaire. Entre ses murs chargés de symboles, la parole féminine s’élève dans la continuité silencieuse des bâtisseurs. Ce lieu, inscrit dans la pierre et dans l’histoire, devient la matrice même du récit.

Au fil des Tenues d'obligation, Sophie devient une passeuse d’histoire. Elle évoque Sabina von Steinbach, figure légendaire du chantier de Strasbourg en 1318, fille d’Erwin, maître d’œuvre de la cathédrale. Selon la tradition, elle aurait poursuivi l’ouvrage après la mort de son père, réalisant les célèbres statues de l’Église et de la Synagogue – chefs-d’œuvre gothiques où se cristallisent symboliquement l’élévation et l’aveuglement. Puis vient Elizabeth Aldworth, initiée en 1712 en Irlande dans des circonstances aussi singulières que fondatrices. Sophie commente les Constitutions d’Anderson et questionne la place des femmes dans la Chaîne d’Union. Chaque planche devient alors un espace méditatif, chaque dialogue une lumière allumée.


Mais ce qui fait la force singulière de ce volume, c’est sa capacité à transmuer l’histoire en rituel. Il ne s’agit pas seulement de dire : il s’agit d’initier. Chaque page est un degré, chaque silence un symbole. Le thème du secret, lourd à porter pour Sophie face à sa famille, s’enracine dans le silence opératif, celui qui creuse l’âme, qui fait naître les interrogations vraies.


Ce silence, magnifiquement suggéré par le médaillon d’Antoine-Augustin Préault figurant en dernière page, devient ici le sceau de la transmission. Auguste Préault (1809-1879), sculpteur et médailleur français associé au mouvement romantique, a façonné une œuvre empreinte de profondeur symbolique. Parmi ses créations, « Le Silence », réalisé pour la tombe de Jacob Robles, s’impose avec une force suggestive saisissante. Ainsi, en convoquant l’art de Préault, la bande dessinée inscrit son discours dans une continuité sensible entre la pierre, la mémoire et le symbole. Il n’est pas absence, mais résonance. Il n’est pas mutisme, mais écoute.


Dans le bruissement des robes effleurant le parquet, on entend les pas oubliés des Sœurs qui nous ont précédés.


Le parcours narratif adopte la structure d’une quête, au sens le plus noble du terme. Trois pierres sacrées – étoile, croix et croissant – doivent être réunies. Leur retour en Israël signe la réintégration de l’unité perdue, l’évocation du Temple primordial. Ce motif symbolique, finement filé, élève le récit à la hauteur d’un conte initiatique. L’ouvrage devient ainsi une légende opérative, une cathédrale de papier où s’entrelacent les colonnes d’Hiram et les flammes vives d’un feu hermétique.


Didier Convard, dont l’œuvre creuse les galeries secrètes du réel depuis des décennies, trouve ici un point d’orgue vibrant. De Neige au Triangle Secret, en passant par Vinci, son travail se tient toujours à la lisière du visible. Pierre Boisserie, quant à lui, orchestre avec justesse cette symphonie initiatique. Son écriture est fluide, sensible, profondément incarnée. Et Annabel, par son trait clair, souple et lumineux, donne chair au mystère sans jamais l’épuiser. Ses couleurs, denses et chaudes, agissent comme un vitrail : elles filtrent le profane pour laisser passer le sacré.


Les Sœurs de la Fraternité n’est pas un simple tome de conclusion. C’est une ouverture. Une clé d’ivoire tendue à celles et ceux qui cherchent un Temple intérieur à édifier. Loin de tout dogmatisme, cette bande dessinée rappelle que l’initiation véritable transcende les oppositions, renoue les fils, assemble les voix. Là où les Frères tracent, les Sœurs incarnent. Là où les pierres s’ajustent, les souffles se répondent.


Et c’est ainsi que cette épopée – commencée il y a douze tomes comme un zodiaque initiatique – ne s’achève pas sur un point final, mais s’ouvre sur un cercle. Un cercle où les Sœurs sont désormais des Frères. Et peut-être en mieux, car elles reviennent d’un long silence. Et ce silence, lui, contient tout.







Laïcité, j'écris ton nom

Abnousse Shalmani

Éditions de L’Observatoire, 2024, 80 pages, 10 €


Le texte d’Abnousse Shalmani, Laïcité, j’écris ton nom, se positionne avec une force vibrante en faveur d'une laïcité républicaine intransigeante, dans un contexte où les violences de l'islamisme, ainsi que les menaces contre la liberté d'expression et les valeurs républicaines, se font de plus en plus pressantes. Dès le début, la dédicace poignante aux victimes des pogroms du 7 octobre 2023 en Israël et aux otages détenus par des terroristes islamistes résonne comme une mise en garde solennelle contre les ravages de l'obscurantisme et la barbarie, rappelant que le combat pour la laïcité ne se limite pas à un idéal abstrait mais concerne des vies humaines bien réelles.


L’auteure développe tout au long de l'essai un discours sans concession sur les dérives qu'elle observe dans la société française contemporaine. Le texte fait écho aux débats ayant traversé les années 1989, lors de l’affaire du voile à Creil, où elle met en lumière la mollesse des autorités de l'époque, qui, selon elle, ont capitulé face à des revendications religieuses communautaristes, trahissant ainsi les principes laïques fondateurs de la République française. Abnousse Shalmani s’en prend aux concessions faites au nom d’une prétendue tolérance, dénonçant un recul de la neutralité laïque dans les institutions publiques, et en particulier dans l’éducation.


L’argument de l’auteure s’appuie sur une vision universaliste de la laïcité, qu’elle définit comme un rempart non seulement contre l’influence religieuse, mais aussi contre les divisions identitaires. L’éducation, pour elle, doit permettre aux élèves de transcender leur origine, leur religion, leur sexe, pour penser en termes universels, libérés des assignations communautaires. Elle fustige le fait que les combats menés par des intellectuels des Lumières comme Spinoza, Voltaire ou Baudelaire sont aujourd’hui relégués au second plan au profit d’un retour inquiétant des particularismes religieux et identitaires.


Au cœur de son propos, la laïcité est présentée non pas comme une simple position de tolérance passive, mais comme un combat actif pour la liberté. « La neutralité n'est pas passivité, ni liberté simple tolérance », martèle-t-elle, en faisant de la laïcité un principe d’émancipation contre toutes les formes de domination, y compris celles provenant de la religion. Ce qui est en jeu, c’est la capacité de la République à maintenir son idéal d’égalité face à des courants religieux qui revendiquent de plus en plus d’espace dans l’espace public. Pour Abnousse Shalmani, il ne s'agit pas de stigmatiser une religion en particulier, mais de maintenir un cadre commun où la liberté de conscience prime sur les croyances individuelles.


L'essai devient progressivement un plaidoyer contre ce qu'elle appelle l'obscurantisme islamiste, qui, selon elle, cherche à saper les fondements de la République laïque. Abnousse Shalmani ne mâche pas ses mots : elle accuse certains courants intellectuels et politiques d'excuser les dérives islamistes par peur d’être accusés de racisme ou d’islamophobie, une accusation qui, d’après elle, paralyse tout discours critique. Elle dénonce un climat de lâcheté et d’opportunisme qui permet à l’islamisme radical de gagner du terrain, aussi bien en France qu'à l'international.


Cette critique est portée par un ton qui oscille entre indignation et colère, une colère dirigée contre ceux qui, par passivité ou complicité, ont laissé l'affaire de Creil se transformer en un symbole de renoncement. Le texte d’Abnousse Shalmani est profondément engagé, tant dans la défense d'une laïcité combattante que dans le rejet d'une société de ghettos communautaires.


Pour l’auteure, le danger n’est pas seulement religieux, il est également politique. La laïcité est la condition même de la démocratie républicaine, et son affaiblissement ouvre la voie à une fragmentation de la société en communautés rivales. Cette fragmentation, selon elle, fait le jeu de ceux qui voudraient réduire la France à une mosaïque de ghettos, éloignée de son passé humaniste et universaliste. Abnousse Shalmani défend avec ferveur l'idée que la République ne peut survivre si elle ne défend pas fermement les principes de laïcité et d'universalité qui la fondent.


L’ouvrage se conclut sur une note de résistance. Abnousse Shalmani sait que son combat est difficile et qu'il s'oppose à des forces puissantes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières françaises. Cependant, elle refuse la capitulation et se pose en gardienne de l'héritage des Lumières, cet humanisme qui considère chaque être humain comme égal, peu importe son origine, sa religion ou son sexe.


Laïcité, j’écris ton nom est un essai dense et percutant, qui ne laisse personne indifférent. Et surtout pas le maçon ! Abnousse Shalmani y expose, avec une clarté et une force rares, sa vision d’une laïcité républicaine mise en péril par l’islamisme et par les renoncements successifs des gouvernements et des élites intellectuelles françaises. Elle appelle à un sursaut, à une résistance ferme contre toutes les tentatives d'imposer une vision communautariste de la société, et à une réaffirmation des principes humanistes et universalistes qui ont fait la grandeur de la République française.


Remis le 28 avril 2025 dans les salons de la Mairie de Paris-Centre, le Prix de l’Institut Maçonnique de France, catégorie Humanisme, a honoré cet ouvrage remarquable. Attribué à une amie profane partageant les idéaux et les valeurs de l’Art Royal, ce prix souligne combien la quête de vérité, de liberté et de fraternité dépasse les colonnes des Temples pour irriguer l’espace public.






Cagliostro – Les arcanes du Rite Égyptien

Denis Labouré

Les Éditions de la Tarente, 2024, Nouv. éd. rev. et augm, 276 pages, 26 €


Plongée dans le cœur des arcanes hermétiques, l’œuvre de Denis Labouré, spécialiste renommé des sciences hermétiques, transcende les simples considérations historiques pour explorer les profondeurs d’un rite opératif d’une richesse inégalée. Plus qu’un simple manuel ou une étude érudite, cet ouvrage, édité en 2011 mais, ici et maintenant, présenté dans une version revue et augmentée, devient un compendium initiatique pour ceux qui cherchent à percer les voiles de la tradition maçonnique égyptienne.


Denis Labouré, fort de cinq décennies de recherches dans le domaine des sciences hermétiques, s’affirme comme un passeur d’un savoir rarement dévoilé. En dévoilant les rouages de l’œuvre de Giuseppe Balsamo (1743-1795), dit Alessandro, comte de Cagliostro, aventurier sicilien, l’auteur redonne vie à une tradition initiatique où l’astrologie, l’alchimie et la théurgie forment un triptyque indissociable, reflet de l’homme dans sa quête de transcendance.


Cagliostro, figure charismatique et controversée, prend ici une place centrale, non pas comme simple personnage historique mais comme initié ayant su codifier une voie opérative à travers le Rite de la Haute Maçonnerie Égyptienne. Le lecteur découvre alors comment ces enseignements, longtemps préservés dans des monastères ou des lignées aristocratiques, trouvent refuge dans un rite universel, accessible à tous les hommes de bonne volonté. Cette démocratisation marque une rupture fondamentale dans la transmission des savoirs ésotériques.


Labouré s’attarde à décrypter l’essence même du Rite Égyptien : des procédés spirituels et pratiques conçus pour guider l’initié dans une métamorphose intérieure. Les deux quarantaines, métaphores alchimiques, décrivent un processus initiatique où l’âme et le corps s’unissent dans une quête de régénération. Ces rituels opératifs ne sont pas des vestiges figés mais une dynamique vivante permettant à l’initié de vivre l’expérience de la Présence divine, loin des carcans religieux ou institutionnels.


La puissance du livre réside dans sa capacité à mêler érudition historique et expérience mystique. Denis Labouré invite son lecteur à embrasser une vision holistique de l’initiation. Loin d’une simple théorie, il expose un chemin où l’homme, confronté à ses propres limites, aspire à transcender son état matériel pour rejoindre le divin.

Le Rite Égyptien, tel que présenté, devient alors une véritable voie de libération. Les symboles maçonniques prennent une profondeur nouvelle, éclairés par les enseignements hermétiques. Les étapes du chemin initiatique sont jalonnées par des rituels minutieux, décrits avec une précision qui témoigne de l’intimité de l’auteur avec ces pratiques.


Denis Labouré ne se contente pas de transmettre un savoir. Il opère une œuvre de reconstruction spirituelle, destinée à réveiller l’aspiration initiatique chez ses lecteurs. Ce livre s’adresse non seulement aux maçons avertis mais aussi à tous les chercheurs sincères, en quête d’une lumière au-delà des ténèbres.


Ce livre est une pierre angulaire pour tout Maçon cherchant à relier la tradition initiatique à une expérience opérative authentique. En tant qu’initié, on ne peut qu’être touché par la sincérité et la profondeur de l’approche de Labouré, qui refuse de limiter le Rite Égyptien à une simple collection de symboles ou de pratiques. Il redonne vie à une tradition qui, bien que souvent oubliée, reste porteuse d’un potentiel spirituel immense. Dans ce travail, on ressent l’urgente nécessité de reconnecter la Franc-Maçonnerie à ses fondations mystiques, rappelant que la quête maçonnique est avant tout une quête de transformation intérieure et d’union avec le divin.


 
 
 

1 Comment


Guest
May 26

Merci

FRATERNITE

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