
LA GUERRE CIVILE ESPAGNOLE ET SES LENDEMAINS
par Jean-Luc Vidal
1. PREAMBULE
Pourquoi l’Espagne ? né dans le sud-ouest j’ai appris l’espagnol comme première langue et j’ai eu un coup de cœur pour cette langue, cette culture et cette civilisation.
Pourquoi la guerre civile espagnole ? elle inaugure presque 40 années de dictature et une telle durée pour un pays marque encore l’Espagne d’aujourd’hui.
Pourquoi les lendemains de la guerre civile espagnole ? parce que ces lendemains sont encore présents dans la vie des Espagnols du 21ème siècle.
J’essaierai dans cette planche de mettre l’accent sur des événements moins connus du public, passés sous silence ou découverts récemment, dans cette période que j’ai appelé les lendemains de la guerre civile.
2. LA GUERRE CIVILE ESPAGNOLE
La guerre civile espagnole, également appelée guerre d'Espagne, a commencé en 1936 avec le coup d'État orchestré par plusieurs généraux dont le général Francisco Franco. Comme toujours dans ce genre de conflit, la guerre civile tire ses origines d'un profond malaise au sein de la société. Durant plusieurs décennies, les conflits sociaux, économiques et politiques ont peu à peu sapé le pouvoir du gouvernement. L’Espagne n’aura connu la République qu’une seule année, c’était en 1873, mais dans son histoire récente ce ne seront que monarchies autoritaires voire dictatures jusqu’en 1931. Mais en 1931, la IIe République est proclamée, la monarchie balayée, ce qui porte les républicains au pouvoir après l’épisode dictatorial de Primo de Rivera. Le roi Alphonse XIII, quant à lui, s’enfuit à Paris puis à Rome. Ce changement ne résout pas pour autant tous les problèmes et les tensions vont aller en s'amplifiant.
Il faut savoir que le prolétariat et le monde paysan sont très sensibilisées aux idées marxistes et anarchistes. En 1934, la tension est à son comble avec le soulèvement des mineurs des Asturies, une province espagnole. Ce mouvement sera réprimé dans le sang par Franco aux ordres du gouvernement et on dénombrera plus de 1 000 tués. Dès lors, les partisans de la droite et de la gauche se déchirent. Le Front populaire remporte les élections de 1936, mais la situation est explosive. Ainsi entre février et juin 1936 146 attentats à la bombe feront 269 tués et 1300 blessés. L'assassinat du monarchiste Calvo Sotelo par des militants républicains le 13 juillet 1936 met le feu aux poudres, on considère aujourd’hui que c’est l’élément déclencheur.
Le 17 juillet, les généraux Sanjurjo, Mola et Francisco Franco sont à la tête d'une insurrection militaire et tentent de prendre le pouvoir. Le gouvernement républicain résiste, mais la guerre est désormais totale entre nationalistes et républicains.
Qui a combattu pendant la guerre civile espagnole ? Les principaux adversaires étaient les nationalistes du général Francisco Franco et les républicains de Francisco Largo Caballero puis de Juan Negrín. Le camp « nationaliste » avait résulté d’une fédération des conservateurs, des monarchistes, des groupements catholiques et des phalanges nationalistes de José Antonio Primo de Rivera, proches du fascisme. Ces sensibilités politiques, qui avaient participé en ordre dispersé aux élections du 16 février 1936, s’étaient unies ensuite pour s'opposer au Front Populaire (Frente Popular) sorti vainqueur du scrutin.
Lui faisait face le camp dit « républicain », qui se composait de forces multiples unies contre le front nationaliste. De nombreux militants, issus de tendances diverses - républicains (laïcs, plutôt socialement conservateurs) et révolutionnaires (anarchistes, communistes et socialistes, etc.), ces derniers surnommés rojos (« rouges ») par leurs ennemis —, s'engagent aux côtés des forces armées restées loyales envers la République espagnole.
Cependant si certains se battent pour défendre la démocratie parlementaire, d'autres voudraient constituer des formes alternatives de gouvernement, voire même provoquer une révolution dite sociale, de nature marxiste ou anarchiste.
On estime le nombre des combattants à 800 000 dans les deux camps.
Comment réagissent les autres puissances européennes ?
Du côté des nationalistes :
Allemagne : envoi de 6 000 hommes de l'armée de l'air allemande qui forment la Légion Condor. Celle-là même qui anéantit la ville de Guernica en 1937 en faisant plusieurs milliers de morts. Avec les relèves, 19 000 hommes serviront dans cette unité. L'Allemagne envoie également des troupes de la Wehrmacht, des chars d'assaut et leurs équipages.
Italie : envoi d’un corps de volontaires issu de l'armée italienne, le Corpo Truppe Voluntarie . On estime que 75 000 italiens y ont servi et 6 000 d'entre eux sont morts dans cette guerre.
Du côté du Front Populaire :
La France et l'Angleterre décident de ne pas intervenir officiellement. Elles procèdent à quelques envois illégaux d'armes. Des citoyens participent à titre personnel aux combats, notamment dans la colonne Durruti, dans les rangs du POUM, le Parti ouvrier d'unification marxiste anti stalinien et les fameuses Brigades internationales.
Les Brigades internationales, sous le nom espagnol de Brigadas Internacionales, se sont battues aux côtés des républicains contre les rebelles nationalistes. Elles étaient composées de volontaires antifascistes venus de 53 pays différents. Selon des estimations, - durant la totalité de la guerre - entre 32 000 et 35 000 volontaires servirent dans les Brigades internationales, dont 15 000 mourront au combat.
URSS : Le matériel envoyé a été payé par « l'Or de Moscou », les 510 tonnes d'or envoyées par la banque d'Espagne en URSS. Après avoir soutenu la non-intervention, Staline prit la décision de venir en aide au gouvernement espagnol, en vendant au prix du marché – en échange de l'or de la Banque d'Espagne – une grande quantité de matériel militaire soviétique et en envoyant des cadres et formateurs militaires en soutien de l'armée.
On estime que le plus grand nombre de Soviétiques présents en Espagne à un moment donné a été de 700, et que le total pendant la guerre aurait été compris entre 2 000 et
3 000. Cependant selon les historiens Staline ne s'investit pas beaucoup dans cette guerre, il craignait en effet qu'un régime communiste en Espagne ne fasse basculer la France et le Royaume-Uni dans le camp fasciste en réaction.
FINALEMENT, POURQUOI LES REPUBLICAINS ONT-ILS PERDU ?
Au total, le camp républicain reçut sensiblement moins d'armes, et globalement de moins bonne qualité, que les franquistes. Elles furent surtout très insuffisantes à partir de l'été 1937 où la disproportion des moyens fut flagrante : les canons manquaient, autant que les avions. Une information peu connue : les milieux nationalistes recevront 3.5 millions de tonnes de pétrole, 40 000 bombes et 1200 camions des milieux d’affaires anglo-saxons (Ford, General Motors, Du pont de Nemours). Ce sera un élément décisif pour la victoire des nationalistes.
En juin 1937, au terme d'une offensive qui avait commencé en aval par le bombardement de la ville basque de Guernica par l'aviation italo-allemande, les franquistes s'emparaient de Bilbao, la capitale du territoire républicain du Nord. Dans les deux ans à venir Franco, qui se retrouve à la tête des nationalises après les décès de 2 généraux alliés, prendra son temps pour soumettre les régions fidèles au régime en effectuant une véritable épuration de tous les opposants, de façon méthodique et sans aucune pitié.
La guerre civile espagnole est souvent considérée comme le prologue de la seconde guerre mondiale. Le conflit aura fait plus d’un million de victimes. La victoire des nationalistes dans la guerre civile peut s'expliquer par un certain nombre de facteurs liés aux forces des nationalistes mieux formées, mieux équipées et mieux organisées et aux faiblesses des républicains, à la désunion ou désorganisation dans le camp républicain notamment entre les anarchistes, les communistes marxistes et les communistes staliniens.
Je voudrais insister maintenant sur les abominations commises par les deux camps, ce que l’histoire a désigné très justement par « terreur ».
TERREURS DURANT LA GUERRE CIVILE
La Terreur blanche proprement dite, commise par les nationalistes, est considérée comme ayant duré environ jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945 bien que le concept de « répression franquiste » puisse s'entendre comme englobant l'ensemble des politiques répressives menées jusqu'à la mort de Francisco Franco en 1975.
Les victimes sont les républicains espagnols et les civils membres des partis de gauche, soit de 75 000 à 200 000 (de 1936 à 1939) et 50 000 à 200 000 (de 1939 à 1944).
La Terreur rouge commise par différents groupes d'activistes républicains (socialistes, communistes, anarchistes) vise la religion catholique et les politiques (de droite comme de gauche, « terreur stalinienne »). L’estimation va de 20 000 à 75 000 morts. Parmi les violences ayant le plus marqué l'opinion internationale durant la guerre civile espagnole, les attaques contre le clergé espagnol causent un émoi particulier. Celles-ci incluent des profanations de monastères, d'églises et de gravures religieuses, ainsi que le meurtre de 6 842 membres du clergé catholique. Un épisode particulier : les massacres de Paracuellos, c’est l'assassinat de 2000 à 3000 prisonniers politiques et religieux durant les premières semaines de la bataille de Madrid.
Pour conclure ce chapitre, il est bien évident que l'épuration menée par les franquistes fut bien plus massive, puisqu’elle s’étalera de 1936 à 1975, année de la mort de Franco, nous en reparlerons plus loin en évoquant les derniers charniers découverts après la fin de la dictature.
Une fois la guerre civile espagnole terminée, une seconde guerre mondiale pointe son nez…comment réagissent alors les pays européens ?
LES INTERVENTIONS POUR ENTRER EN GUERRE :
Churchill craignait que l'Espagne ne joigne ses forces à celles de l'Allemagne après avoir appris qu'ils prévoyaient d'envahir Gibraltar. L’opération Felix (ou Feliks) est un projet d'opération allemande durant la Seconde Guerre mondiale élaboré en cas d'alliance de l'Espagne franquiste dans les forces de l'Axe, l’objectif était l’invasion de Gibraltar et surtout de contrôler l'Ouest de l'Afrique et l’accès à la Méditerranée.
Selon un livre de 2008, Winston Churchill a « soudoyé les généraux de Franco pour qu'ils restent en dehors de la guerre », les généraux ont reçu entre 3 et 5 millions de dollars, des millions versés aux généraux dans le but d'influencer le général Franco pour qu'il ne s'engage pas dans la guerre aux côtés de l'Allemagne. En mai 2013, des dossiers ont été publiés montrant que le MI6 a dépensé l'équivalent actuel de plus de 200 millions de dollars pour corrompre des officiers supérieurs de l'armée espagnole, des propriétaires de navires et d'autres agents afin de maintenir l'Espagne hors de la guerre.
L’Allemagne quant à elle essaie de convaincre Franco d’entrer en guerre à ses côtés. Hitler voulait l’ouverture d’un second front en Europe pour soulager ses troupes.
La seule rencontre entre Franco et Hitler a eu lieu en octobre 1940 à Hendaye. Hitler a refusé d’offrir à Franco des possessions coloniales françaises en échange du soutien de l’Espagne dans la guerre. Après leur rencontre, Hitler a déclaré qu’il préférerait « se faire arracher trois ou quatre dents » plutôt que de faire à nouveau du troc avec Franco. Il semblerait que Franco a largement exagéré ses prétentions pour ne pas entrer en guerre.
La France quant à elle doit répondre à deux problèmes en 1939 :
• Celui des réfugiés, qui causera la mise en place des camps.
• Celui de ses relations avec le très probable vainqueur, Franco.
La France se trouvait donc devant un choix stratégique :
• Venir en aide d’une façon plus résolue aux Républicains.
• Ou Reconnaître le gouvernement rebelle du général Franco pour obtenir sa neutralité lors d’un conflit éventuel avec l’Allemagne et l’Italie.
C’est cette dernière orientation qui est retenue par le ministre des affaires étrangères, Georges Bonnet, et le gouvernement d’Édouard Daladier, qui choisit comme négociateur Léon Bérard. Les accords Bérard-Jordana, conclus entre la France et l'Espagne à Burgos, siège du gouvernement nationaliste, le 25 février 1939, concernent officiellement une déclaration de bon voisinage. Diplomatiquement, cet accord est signé afin d'obtenir la neutralité espagnole en échange de la reconnaissance de la légitimité de Franco sur l'Espagne.
En juillet 1939, la France rend à l'Espagne la majeure partie des biens républicains passés en France pendant la guerre civile, soit l'équivalent d'environ 5,7 milliards de francs et une partie du patrimoine artistique espagnol exporté depuis le 18 juillet 1936 (toiles du Prado).
La France n’évitera pas la guerre pour autant.
Pour les vaincus c’est le temps de la Retirada (la retraite).
Un triste lendemain de la guerre civile.
3. LA RETIRADA
En 1939, après la victoire de Franco, près de 500 000 républicains espagnols traversent les Pyrénées. Dépassées, les autorités françaises administrent cet exode de façon sécuritaire, inaugurant l'ère des camps de réfugiés.
Pour le quasi demi-million d'Espagnols qui, en février 1939, fuyant les violences accompagnant la victoire définitive de Franco et la fin de la guerre civile s'ouvre une longue période d'incertitudes.
Beaucoup refusent la défaite et veulent continuer le combat par-delà les vicissitudes de l'exil. Certains espèrent des mesures d'amnistie qui permettraient non pas, certes, d'effacer les violences du conflit mais d'apaiser les haines. Cet espoir sera vite déçu. Pour que soit promulguée une amnistie totale, il faudra attendre le 14 octobre 1977, c'est-à-dire près de deux ans après la mort de Franco et le rétablissement des libertés démocratiques. Dans ces conditions, un grand nombre de réfugiés ont choisi un exil prolongé, parfois définitif.
Après la chute de l'emblématique Catalogne, l'un des derniers bastions républicains, les Espagnols arrivent en France fin janvier et début février 1939. Les conditions de cet exode sont difficiles, parfois dramatiques ; la plupart traversent les Pyrénées à pied, malgré les rigueurs de l'hiver. Dès l'été 1936, au fur et à mesure de l'avancée des troupes de Franco, environ 170 000 réfugiés avaient passé la frontière pour quelque temps, accueillis de façon humaine par le Front populaire. Puis, pour satisfaire une opinion publique hostile, le gouvernement radical de Daladier promulgue le décret du 12 novembre 1938 prévoyant l'internement administratif des « étrangers indésirables », suspectés de représenter un danger potentiel pour le pays.
UNE STRICTE DISCIPLINE
Dépassées par le caractère massif de l'exode, les autorités françaises espèrent provisoire le séjour des réfugiés espagnols, dépourvus de statut jusqu'au lendemain de la guerre mondiale, et les entassent dans des baraquements surpeuplés, dressés à la hâte - souvent par les réfugiés eux-mêmes - sur les plages des Pyrénées-Orientales, à Argelès, à Saint-Cyprien ou au Barcarès. Lieux de non-droit et d'inconfort total, isolés par des barbelés, ces camps, dits alors « de concentration », sont gardés par des troupes coloniales qui assurent une stricte discipline. Seuls les hommes en âge de porter les armes y sont maintenus durablement. Femmes et enfants, de leur côté, sont regroupés dans des centres d'hébergement provisoires aménagés sommairement dans divers départements, principalement de l'Ouest et du Centre, dont certains subsisteront pourtant pendant des mois.
Ces premiers camps vite surpeuplés, les réfugiés espagnols sont dirigés vers de nouveaux lieux d'internement, encore situés dans le sud de la France, tels ceux de Bram, d'Agde, de Septfonds, de Gurs et, sous le régime de Vichy, celui de Rivesaltes. Certains réfugiés, considérés comme dangereux, sont envoyés dans des camps disciplinaires, comme ceux du Vernet dans l'Ariège ou de Djelfa en Algérie, et même dans des prisons comme le fort de Collioure. Malgré ces conditions difficiles, les premiers regroupements politiques s'opèrent et une « presse des sables » - ainsi dénommée par allusion au sable des plages du Roussillon - fait son apparition, sous la forme de bulletins, souvent manuscrits.
Les camps se videront peu à peu de leurs occupants du fait des embauches à l'extérieur et de l'engagement militaire. Beaucoup d'Espagnols, poussés au rapatriement par les autorités françaises et déçus par l'accueil que leur a réservé la « patrie des droits de l'homme », rentrent chez eux en 1939, malgré les risques encourus. Fin 1939, il reste environ 180 000 républicains espagnols en France.
EN DETAIL, REGARDONS CE QUE SONT-ILS DEVENUS A PARTIR DE 1940 :
Le destin leur a offert ou imposé plusieurs pistes.
En 1939-1940, beaucoup de républicains demandent à s'engager dans les bataillons étrangers de l'armée française et ensuite ils seront nombreux à rejoindre la Résistance française, les maquis et les Forces françaises libres.
Quand le gouvernement de Vichy se met en place, Vichy les convertit en groupements de travailleurs étrangers (GTE) en 1940. Entre 1942 et 1943, 26 000 Espagnols travailleurs des GTE ou autres sont envoyés dans le cadre du STO sur les chantiers de l'Organisation Todt sur la façade atlantique.
Le pire est à venir : 12 000 républicains espagnols seront acheminés vers des camps de concentration À la fin de la guerre, en mai 1945, 2 000 seulement survivaient.
Enfin certains s’exilent aux USA, en Amérique latine, 20 000 s’exileront au Mexique.
En 2019, la France commémore officiellement le 80e anniversaire de la Retirada, en particulier dans la ville de Paris, dans les Pyrénées-Orientales et dans tout le sud du pays, à la mémoire de ce demi-million de républicains espagnols qui ont franchi la frontière française au début de 1939 et qui ont été si mal accueillis par le pays des droits de l’homme.
4.LES LENDEMAINS : FRANCO UN DICTATEUR DE 36 ANS
Comment expliquer que Franco ait pu régner d’une main de fer en Espagne aussi longtemps ? plusieurs explications me viennent à l’esprit.
La première explication vient des caractéristiques même du régime franquiste :
• Concentration entre les mains du "Caudillo" de tous les pouvoirs, y compris législatif et constituant,
• Culte de la personnalité,
• parti unique, le Mouvement national, regroupant de nombreuses tendances : anticommunistes, fascistes, conservateurs, réactionnaires, démocrates-chrétiens, carlistes, monarchistes...
• Instauration du catholicisme comme religion d'Etat, avec le soutien de l’Opus Dei,
• Armée constituant un des piliers de l'Etat,
• Centralisme et refus de tout droit politique, linguistique ou culturel aux régions,
• Restriction de la liberté d'opinion, d'association et de réunion.
Le franquisme fait preuve d'une hostilité viscérale envers la démocratie, le libéralisme, le marxisme, la libre pensée et la franc-maçonnerie.
La répression quant à elle n’a jamais cessé. Des camps de concentration franquistes ont existé en Espagne de 1936 à 1947, d'abord dans le contexte de la guerre d'Espagne, puis comme instrument de répression de la dictature franquiste. Ces camps étaient placés sous la direction du Service des colonies pénitentiaires militarisées, le chiffre évolue de 180 à 300 camps de concentration qui auraient existé en Espagne franquiste, dans le but de rééduquer les ennemis du régime. Cela ne vous rappelle rien ?
L’Espagne des années 40 apparait comme une immense prison où s’entasseraient près d’un million de prisonniers selon certaines sources. Il faut en effet considérer celles et ceux qui étaient enfermés dans les divers lieux de réclusion, mais aussi leurs familles, au-dehors, qui étaient sous une surveillance constante. L'attitude des prisonniers vis-à-vis de l'entreprise visant à les (re)convertir au catholicisme national pouvait avoir des conséquences directes et terribles sur leurs femme et enfants, dans les villages. Inversement, l'attitude de ceux-ci déterminait les conditions d'incarcération des individus enfermés. L'ensemble était contrôlé à travers un système de fichage généralisé et de surveillance dont les bases furent posées de manière systématique dès les premiers mois de la guerre. De même la dictature s’est employée à manipuler l’histoire nationale par, notamment, la mise en place d’une politique scolaire servant un grand projet d’endoctrinement des masses. À la base de cette politique, l’enseignement de l’histoire de la guerre civile a certainement été le plus falsificateur, en offrant au régime un événement fondateur. Le coup d’État y était en effet présenté comme une réaction patriotique portée par la divine providence, dans le prolongement de la propagande nationaliste du temps de la guerre qui, en désignant le conflit par le terme de Croisade, unissait les deux piliers des forces rebelles, l’armée et l’Église.
A la fin de la seconde guerre mondiale, l’Espagne est le mouton noir de l’Europe qui ne lui accorde aucune aide mais ce ne sera pas le cas des USA qui en pleine guerre froide ne veulent pas d’une Espagne communiste.
Ainsi ce sera l’aide américaine avec les Accords signés à Madrid le 23 septembre (en espagnol, Pactos de Madrid). Il est décidé l'installation sur le territoire espagnol de quatre bases militaires en échange d'une reconnaissance diplomatique et d'un soutien économique et militaire. La compensation économique entre 1953 et 1963 atteint plus de 1 500 millions de dollars, principalement sous forme de crédits gérés par la banque Export-Import pour acheter des produits nord-américains, surtout des aliments, du coton et du charbon. Elle se substitue en réalité au Plan Marshall dont jouissent les autres pays d'Europe de l'Ouest et dont n'a pas pu profiter l'Espagne après-guerre. L'aide militaire est de 456 millions en matériel de guerre de deuxième main, qui permet de moderniser les Forces armées pendant la dictature franquiste qui continuaient à utiliser les armes italiennes et allemandes de la guerre civile espagnole. Le gouvernement américain annonce que son usage doit se limiter aux aspects défensifs.
Il s’en suivit une embellie économique qui va croissant avec un tourisme très florissant. Le tourisme en Espagne a progressé par bonds successifs, notamment en 1955, 1957, 1960, pour atteindre à partir de 1961 la cadence d'un million de touristes nouveaux chaque année. Le tourisme a été à l’Espagne ce qu’il a été à l’Egypte avant les attentats.
Ces 36 ans de règne auront aussi été 36 ans de paix dans le monde de la guerre froide. L’Espagne n’aura connu ni la seconde guerre mondiale, ni les affres d’une décolonisation comme la France avec la guerre d’Algérie et bien évidemment pour l’Etat franquiste la Paix symbolisera la réussite du régime. Il faudra attendre le retour de la démocratie et le début des années 2000 pour découvrir une nouvelle facette du régime.
Après la mort de Franco, le 20 novembre 1975, le régime évolue vers une démocratie au cours d'une transition qui est négociée entre le secteur réformiste du régime franquiste et les forces d'opposition. Il n'y a donc pas de rupture formelle symbolique avec le régime franquiste. La Majorité ne souhaite pas une justice transitionnelle qui poursuive des crimes de justice, une loi d'amnistie est promulguée en 1977, cette loi va écarter la possibilité de la poursuite des crimes franquistes. Du moins dans un premier temps.
5.LES LENDEMAINS, LES ANNEES 2000 : LA MEMOIRE ET LE DEUIL
Les exhumations de fosses communes depuis le début des années 2000 ont permis de revoir à la hausse le bilan de la répression franquiste. L'Espagne compterait 2 500 fosses abritant les dépouilles de plus de 114 000 victimes. A ce jour, seulement une minorité a fait l'objet de fouilles.
2000 : la parole aux victimes
Cette réhabilitation à bas bruit de la mémoire des victimes prend de l'ampleur dans les années 2000. L'année 2000 elle-même est généralement considérée comme un tournant, avec la fondation de l'Association pour la récupération de la mémoire historique et la première exhumation médiatique d'une fosse commune, celle de Priaranza del Bierzo (León).
On assiste alors dans toute l'Espagne à une explosion d'inaugurations de monuments cherchant à « récupérer la mémoire historique ». L'accent est désormais porté sur la mémoire des victimes de la répression franquiste de 1936 à 1975, et non plus sur la mémoire de la guerre civile proprement dite. D'innombrables associations locales - on en compte 145 en 2005 - promeuvent cette nouvelle politique monumentale, le plus souvent sur les lieux d'exécution : prisons, cimetières, fosses communes pour l'essentiel, les camps de concentration demeurant en général ignorés. Si ces monuments modestes forcent à une réévaluation du passé de la dictature, ils ne remettent pas nécessairement en cause le principe de la réconciliation, mais bien sa modalité.
La plupart des monuments franquistes et les divers signaux de la dictature sont peu à peu démantelés : statues équestres de Franco à Madrid (2005), Santander (2008) ou Melilla (2021). Reste le Valle de los Caídos. La construction du monument, qui regroupe une basilique catholique, une abbaye et une croix haute de 150 mètres, est ordonnée par le dictateur en 1940. L'édification, menée entre 1940 et 1959, est l'œuvre de quelque 20 000 prisonniers politiques républicains condamnés aux travaux forcés inauguré en 1959 par Franco et lieu de sa sépulture, qui cristallise les polémiques. Les manifestations et les messes des nostalgiques de Franco s'y maintiennent.
Dans cette tentative de transformer les lieux de mémoire franquistes en mémoriaux de la souffrance de tous les Espagnols, l'État poursuit la politique de réconciliation depuis 1975.
Les lois mémorielles de 2007 et 2022
Un pas supplémentaire est franchi avec le vote, en 2007, de la « loi sur la mémoire historique » à l'initiative du président de gouvernement socialiste José Luis Rodríguez Zapatero. Tout en se plaçant dans la continuité de la politique de réconciliation, elle promeut la pleine reconnaissance des victimes du franquisme, leur réhabilitation morale et le droit à la réappropriation de la mémoire personnelle et familiale - allant bien au-delà de l'ample indemnisation économique des victimes menée dès la transition démocratique.
L'espace public doit être débarrassé de toutes les traces de la dictature. La loi prévoit la création d'un centre d'archives unique et organise l'aide de l'État pour l'exhumation des fosses communes. L’état franquiste a pratiqué la destruction systématique de ses papiers concernant la justice, la police ou les fonds pénitentiaires de 1947 jusqu’aux années 80, c’est un véritable parcours du combattant pour accéder aux archives du régime encore existantes.
6.ENFIN, DERNIER AVATAR DU FRANQUISME : L’AFFAIRE DES ENFANTS VOLES DU FRANQUISME
Dans les années 1940 et 1950, voire jusqu’aux années 1980, des enfants sont retirés à leurs familles, pour des raisons idéologiques, basées sur les thèses controversées d’un psychiatre, lui-même proche de Franco : le docteur Antonio Vallejo Nágera.
Plus tard, dans des familles républicaines, les enfants sont déclarés comme étant mort-nés, puis placés dans des familles franquistes. Cette pratique, quasi systématique, s’opère avec la complicité du personnel hospitalier, sous l’égide conjointe de diverses autorités religieuses.
Un premier procès s'est ouvert le 26 juin 2018 dans « l'affaire des bébés volés » contre le
Dr Eduardo Vela, ancien gynécologue, accusé d'avoir volé un bébé en 1969 pour le confier à une famille adoptive après avoir déclaré à la mère biologique, que sa fille, Inés Madrigal, était décédée.
Durant la répression qui a suivi le conflit, ce vol institutionnalisé avait pour but de soustraire des enfants à des républicaines accusées de leur transmettre le "gène" du marxisme.
Mais il a ensuite touché, à partir des années 1950, des enfants nés hors mariage ou dans des familles pauvres ou nombreuses.
Souvent grâce à la complicité de l'Église, ils étaient déclarés mort-nés, sans que l'on fournisse de preuves aux parents, puis adoptés par des couples ne parvenant pas à avoir de bébés et en général proches du régime "national-catholique" de Franco.
Après la mort de Franco en 1975, des trafics de bébés ont perduré, principalement pour des raisons financières, jusqu'en 1987 et l'adoption d'une loi renforçant le contrôle de l'adoption.
En Espagne, il n'y a aucune estimation officielle du nombre de bébés volés mais les associations de victimes parlent de plusieurs milliers d'enfants concernés. Les estimations relatives au nombre réel de ces enlèvements seraient nettement sous-évaluées et pourraient même atteindre 300 000 victimes.
La justice avait estimé en 2008 que plus de 30 000 enfants de républicains morts ou faits prisonniers durant la Guerre civile, dont certains ont pu être "volés", ont été placés sous tutelle par l'État franquiste rien qu'entre 1944 et 1954. Avec la loi de 2022, l’État espagnol reconnait le statut de victime aux « bébés volés » sous le régime franquiste.
CONCLUSION
Aujourd’hui 50 ans bientôt après la mort de Franco en 1975, la jeune génération qui a connu la démocratie avec ses réussites et ses excès ne semble guère s’intéresser à la période franquiste, seuls les nostalgiques du régime et les + de 50 ans qui l’ont subie y pensent encore. L’Espagne n’en a pas encore fini avec Franco.
Dernier événement marquant : en 2019 la tombe du Caudillo a été extraite de la Vallée des Caidos pour retourner dans un simple cimetière et revenir à l’anonymat. Pas sûr pour autant que ses terribles années de dictature soient oubliées pour une majorité d’Espagnols.
Jean-Luc Vidal

La Guerra Civil Española y sus Consecuencias
por Jean-Luc Vidal
1. PREÁMBULO
¿Por qué España? Nacido en el suroeste de Francia, aprendí español como primera lengua y me enamoré de este idioma, de su cultura y de su civilización.
¿Por qué la Guerra Civil Española? Porque marcó el inicio de casi 40 años de dictadura, y una duración tan prolongada dejó huellas profundas en la España actual.
¿Por qué los años posteriores a la Guerra Civil? Porque esos años todavía resuenan en la vida de los españoles del siglo XXI.
En esta plancha, intentaré destacar eventos menos conocidos, silenciados o descubiertos recientemente, en este periodo al que denomino "los días después de la Guerra Civil".
2. LA GUERRA CIVIL ESPAÑOLA
La Guerra Civil Española, también conocida como "la Guerra de España", comenzó en 1936 con el golpe de Estado liderado por varios generales, entre ellos Francisco Franco. Como ocurre en este tipo de conflictos, sus raíces se encuentran en un profundo malestar social. Durante décadas, los conflictos sociales, económicos y políticos minaron progresivamente la estabilidad del gobierno.
España solo había conocido una república breve en 1873. Hasta 1931, vivió bajo regímenes de monarquías autoritarias e incluso dictaduras, como la de Primo de Rivera. En 1931, se proclamó la Segunda República y la monarquía fue derrocada. Este cambio llevó a los republicanos al poder y el rey Alfonso XIII se exilió primero en París y luego en Roma. Sin embargo, este cambio no resolvió todos los problemas, y las tensiones continuaron aumentando.
El proletariado y el campesinado estaban muy influenciados por las ideas marxistas y anarquistas. En 1934, la tensión alcanzó su punto máximo con la rebelión de los mineros de las Asturias, que fue brutalmente reprimida por Franco, bajo órdenes del gobierno, con más de 1,000 muertos. Desde ese momento, la división entre la derecha y la izquierda se intensificó.
En 1936, el Frente Popular ganó las elecciones, pero la situación ya era explosiva. Entre febrero y junio de 1936, se produjeron 146 atentados con bomba que dejaron 269 muertos y 1,300 heridos. El asesinato del monárquico Calvo Sotelo por militantes republicanos el 13 de julio de 1936 fue la chispa definitiva.
El 17 de julio, los generales Sanjurjo, Mola y Francisco Franco lideraron una insurrección militar para tomar el poder. El gobierno republicano resistió, pero la guerra entre nacionalistas y republicanos ya era inevitable.
¿Quiénes combatieron durante la Guerra Civil Española?
Los principales contendientes fueron:
1. Nacionalistas: Liderados por el general Francisco Franco, formaban una coalición de conservadores, monárquicos, grupos católicos y falangistas (fascistas).
2. Republicanos: Integrado por fuerzas heterogéneas, desde republicanos laicos hasta revolucionarios comunistas, socialistas y anarquistas (denominados rojos por sus enemigos).
Muchos republicanos defendían la democracia parlamentaria, mientras que otros buscaban una revolución social de corte marxista o anarquista.
Se estima que participaron 800,000 combatientes entre ambos bandos.
Reacción de las potencias europeas
• Alemania (nacionalistas): Envío de 6,000 hombres de la fuerza aérea alemana, conocidos como la Legión Cóndor, responsables del bombardeo de Guernica en 1937, con miles de muertos. En total, 19,000 alemanes sirvieron en esta unidad.
• Italia (nacionalistas): Envío del Cuerpo de Tropas Voluntarias, con aproximadamente 75,000 soldados, de los cuales 6,000 murieron en combate.
• URSS (republicanos): Envío de material bélico pagado con "el Oro de Moscú": 510 toneladas de oro enviadas desde la banca española. Se estima que 2,000 a 3,000 soviéticos participaron en la guerra.
¿Por qué perdieron los republicanos?
• Los republicanos recibieron menos armamento y de peor calidad.
En junio de 1937, los nacionalistas tomaron Bilbao tras el bombardeo de Guernica y avanzaron lentamente sometiendo regiones fieles a la República con una represión metódica y brutal.
Terror durante la guerra
1. Terror blanco (nacionalista): Se extendió hasta 1945 e incluyó ejecuciones de republicanos y civiles de izquierda.
o Víctimas: entre 75,000 y 200,000 muertos.
2. Terror rojo (republicano): Persecución a religiosos y políticos de derecha.
o Víctimas: entre 20,000 y 75,000 muertos.
o Incluyó profanación de iglesias y monasterios, así como el asesinato de 6,842 miembros del clero.
o Masacre de Paracuellos: Entre 2,000 y 3,000 prisioneros políticos y religiosos fueron ejecutados durante la Batalla de Madrid.
3. LA RETIRADA (EL EXILIO REPUBLICANO)
Tras la victoria de Franco en 1939, 500,000 republicanos cruzaron los Pirineos. Las autoridades francesas, sobrepasadas, confinaron a los refugiados en campos de concentración improvisados en playas como Argelès-sur-Mer, Saint-Cyprien y Barcarès, rodeados por alambradas y vigilados por tropas coloniales.
Algunos campos famosos:
• Gurs, Bram, Rivesaltes (Francia).
• Djelfa (Argelia).
En 1939, alrededor de 180,000 republicanos permanecían en Francia. Muchos se unieron a la Resistencia francesa o emigraron a América Latina (20,000 al México de Lázaro Cárdenas).
4. EL RÉGIMEN DE FRANCO (1939-1975)
Franco consolidó un régimen basado en:
• Culto al "Caudillo".
• Partido único: Movimiento Nacional.
• Religión de Estado: Catolicismo apoyado por el Opus Dei.
• Centralismo: Sin autonomía cultural o política para las regiones.
Campos de concentración franquistas (1936-1947)
Franco estableció 300 campos de concentración para "reeducar" a los opositores. Se estima que casi un millón de prisioneros fueron internados.
5. MEMORIA HISTÓRICA Y EXHUMACIONES
Desde 2000, la Asociación para la Recuperación de la Memoria Histórica inició la búsqueda de fosas comunes. Hasta la fecha, se han identificado más de 2,500 fosas con 114,000 víctimas.
• Ley de Memoria Histórica (2007): Promovida por José Luis Rodríguez Zapatero, busca la reparación y exhumación de víctimas del franquismo.
• Ley de Memoria Democrática (2022): Reconoce como víctimas a los niños robados del régimen franquista.
6. LOS NIÑOS ROBADOS DEL FRANQUISMO
Entre 1940 y 1980, miles de niños fueron robados a familias republicanas, declarados falsamente "muertos" y entregados a familias franquistas, con la complicidad de médicos y religiosos.
En 2018, comenzó el primer juicio sobre este tema, con el Dr. Eduardo Vela acusado de robar a Inés Madrigal en 1969.
Conclusión
A casi 50 años de la muerte de Franco (1975), la España democrática sigue lidiando con su pasado. En 2019, los restos de Franco fueron exhumados del Valle de los Caídos y trasladados a un cementerio discreto. Sin embargo, el recuerdo de los 36 años de dictadura sigue vivo para muchos españoles.
Jean-Luc Vidal

The Spanish Civil War and Its Aftermath
by Jean-Luc Vidal
1. PREAMBLE
Why Spain? Born in the southwest of France, I learned Spanish as my first language and fell in love with the language, culture, and civilization.
Why the Spanish Civil War? Because it marked the beginning of nearly 40 years of dictatorship, and such a prolonged regime still impacts modern-day Spain.
Why focus on the aftermath of the Spanish Civil War? Because its consequences remain present in the lives of 21st-century Spaniards.
In this presentation, I will highlight lesser-known events, either silenced or recently discovered, during what I call the aftermath of the Spanish Civil War.
2. THE SPANISH CIVIL WAR
The Spanish Civil War, also called the "War in Spain," began in 1936 with a coup d'état orchestrated by several generals, including Francisco Franco. Like many civil conflicts, this war had its roots in deep societal unrest. For decades, social, economic, and political conflicts had eroded the power of the government.
Spain had only experienced a republic for one brief year in 1873. In its modern history, it endured authoritarian monarchies and even dictatorships until 1931, when the Second Republic was proclaimed, toppling the monarchy. The Republicans rose to power after the dictatorship of Primo de Rivera. King Alfonso XIII fled to Paris and later to Rome. However, this change failed to resolve existing issues, and tensions continued to escalate.
The working class and peasants were strongly influenced by Marxist and anarchist ideas. In 1934, tensions reached a boiling point with the Asturias miners' rebellion, which was violently suppressed by Franco under the government's orders, resulting in over 1,000 deaths. From that moment, the divide between right-wing and left-wing supporters deepened further.
In 1936, the Popular Front won the elections, but the situation had become explosive. Between February and June 1936, 146 bombings resulted in 269 deaths and 1,300 injuries. The assassination of monarchist Calvo Sotelo by Republican militants on July 13, 1936, was the final spark that ignited the conflict.
On July 17, generals Sanjurjo, Mola, and Francisco Franco led a military insurrection to seize power. The Republican government resisted, but the war between Nationalists and Republicans had become inevitable.
Who Fought in the Spanish Civil War?
The main belligerents were:
1. Nationalists: Led by Francisco Franco, a coalition of conservatives, monarchists, Catholic groups, and Falangists (fascists).
2. Republicans: A heterogeneous coalition of forces, including Republicans (secular and socially conservative) and revolutionaries (anarchists, communists, and socialists), whom their enemies called Rojos ("Reds").
Many Republicans fought to defend parliamentary democracy, while others sought to create alternative forms of government or provoke a social revolution rooted in Marxist or anarchist ideology.
It is estimated that 800,000 combatants participated across both sides.
How Did Other European Powers React?
• Germany (Nationalists): Sent 6,000 members of the German Air Force to form the Condor Legion, responsible for the Guernica bombing in 1937, which killed thousands. Over time, 19,000 Germans served in this unit.
• Italy (Nationalists): Sent 75,000 soldiers from the Corpo Truppe Volontarie, of whom 6,000 were killed.
On the Republican side:
• France and the UK: Chose not to officially intervene but provided limited illegal arms shipments.
• The Soviet Union: Supplied military equipment, funded by the "Gold of Moscow"—510 tons of Spanish gold sent to the USSR in exchange. Estimates suggest 2,000 to 3,000 Soviet advisors participated.
The International Brigades—anti-fascist volunteers from 53 countries—fought alongside the Republicans. It is estimated that between 32,000 and 35,000 volunteers served, with 15,000 dying in combat.
Why Did the Republicans Lose?
The Republicans received fewer and lower-quality arms than the Nationalists.
A little-known fact is that 3.5 million tons of oil, 40,000 bombs, and 1,200 trucks were supplied to the Nationalists by Anglo-American business interests such as Ford, General Motors, and DuPont.
In June 1937, after the bombing of Guernica, the Nationalists captured Bilbao, the capital of the Republican-held north. Over the next two years, Franco, who emerged as the sole leader after the deaths of his allied generals, took his time conquering the remaining Republican regions, systematically purging opponents.
The war claimed over one million lives.
Terrors During the Spanish Civil War
• White Terror (Nationalist): Lasted until 1945 and included the mass execution of Republicans and leftist civilians.
o Estimated deaths: 75,000 to 200,000 between 1936 and 1939; 50,000 to 200,000 between 1939 and 1944.
• Red Terror (Republican): Targeted Catholics and right-wing politicians.
o Estimated deaths: 20,000 to 75,000.
o Included the desecration of churches and the murder of 6,842 clergy members.
o The Paracuellos Massacres: 2,000 to 3,000 political prisoners were executed in Madrid.
The Francoist purge was larger and lasted from 1936 to 1975.
3. THE RETIRADA (The Republican Exodus)
In 1939, after Franco's victory, 500,000 Republican refugees fled across the Pyrenees. The French government, overwhelmed, placed these refugees in internment camps along the Roussillon coast, such as Argelès-sur-Mer, Saint-Cyprien, and Barcarès.
The camps were overcrowded, fenced with barbed wire, and guarded by colonial troops enforcing strict discipline.
In 1939-1940, many refugees enlisted in French foreign battalions or joined the French Resistance during World War II. Some were sent to forced labor under Vichy France, with 12,000 Republicans deported to Nazi concentration camps; only 2,000 survived.
4. FRANCO: A 36-YEAR DICTATORSHIP
Key Characteristics of the Franco Regime:
• Concentration of power in Franco's hands.
• Personality cult around the "Caudillo."
• Single-party system with the National Movement encompassing various right-wing factions.
• National-Catholicism: The Catholic Church became the state religion, supported by the Opus Dei.
• Militarization of the state.
• Centralization: Denial of regional political, linguistic, or cultural autonomy.
Franco's regime was hostile to democracy, liberalism, Marxism, freethinking, and Freemasonry.
5. MEMORY AND RECONCILIATION (Post-2000)
Since 2000, mass grave exhumations have raised the estimated number of Francoist repression victims. There are 2,500 mass graves containing over 114,000 victims.
• 2007 Historical Memory Law: Initiated under José Luis Rodríguez Zapatero, this law promotes the recognition and moral rehabilitation of Francoist victims.
• 2022 Democratic Memory Law: Officially recognized victims of Francoist child abduction schemes.
6. THE STOLEN CHILDREN OF THE FRANCO REGIME
From 1940 to the 1980s, children were taken from Republican families and given to Nationalist families, often with the complicity of hospital staff and the Church.
In 2018, the first trial was held against Dr. Eduardo Vela, accused of falsifying a death certificate and illegally facilitating an adoption.
It is estimated that up to 300,000 children may have been abducted during this period.
Conclusion
Nearly 50 years after Franco's death in 1975, Spain still grapples with his legacy. In 2019, Franco's remains were removed from the Valle de los Caídos and reburied in an unmarked grave.
However, the memories of his 36-year dictatorship remain alive for many Spaniards.
Jean-Luc Vidal
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