11 novembre, se souvenir pour réinventer la paix
- Patrick Chambard
- il y a 3 jours
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Chaque année, la France s’arrête.
À 11 heures, le 11 novembre, les cloches résonnent encore, les drapeaux s’inclinent, les visages se figent dans le silence.
On se souvient.
De Verdun, de la Somme, des millions d’hommes arrachés à la jeunesse pour mourir dans la boue, au nom d’un monde qu’ils ne verraient jamais renaître.
Derrière les chiffres, il y avait des visages, des lettres écrites à la hâte avant l’assaut, des amitiés nées dans la peur et l’attente.
La Grande Guerre fut l’horreur absolue.
Celle qui devait être “la der des ders”.
Elle ne le fut pas.
Vingt ans plus tard, l’Europe s’embrasait à nouveau.
Mais quelque chose avait changé.
Au milieu des ruines, certains ont compris que la haine ne protège pas, qu’elle détruit encore et encore.
Alors, lentement, la réconciliation est née.
De Gaulle et Adenauer à Reims,
Mitterrand et Kohl à Verdun : ces gestes d’amitié ont davantage marqué l’Histoire que les traités et les parades militaires.
Aujourd’hui, alors que les conflits refont surface ailleurs, en Ukraine, au Proche-Orient, en Afrique, la leçon du 11 novembre paraît plus urgente que jamais.
La mémoire n’est pas une nostalgie, c’est une vigilance.
Elle nous rappelle que la paix n’est jamais acquise ; elle se cultive comme un champ fragile.
Les anciens ennemis d’hier sont devenus des partenaires, parfois des amis.
Des villes jumelées, des projets culturels communs, des jeunes qui étudient ensemble, traversant les frontières sans y penser : voilà le vrai miracle né des cendres de 1918.
L’Europe s’est construite sur cette idée folle et simple à la fois, qu’après tant de morts, on pouvait choisir la vie ensemble.
Mais à l’heure des replis identitaires, des discours de haine et des nationalismes qui grondent, la mémoire du 11 novembre doit être plus qu’une commémoration ; un sursaut.
Un rappel que la paix ne se décrète pas, elle se décide chaque jour, dans nos choix politiques, nos gestes citoyens, nos mots sur les réseaux, nos regards envers ceux qui viennent d’ailleurs.
Le 11 novembre ne doit pas seulement honorer les morts, il doit réveiller les vivants.
Parce que se souvenir, c’est s’engager.
Parce qu’après chaque guerre, il y a toujours un possible à reconstruire.
Et si notre génération écrivait enfin la suite de l’histoire : celle où la fraternité n’a plus besoin d’être rappelée, mais simplement vécue ?…
Patrick Chambard
Président de l'association Fraternité Internationale Laïque



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